La question du sens au travail est, en cette rentrée 2022, plus que jamais, sur toutes les lèvres. Nombreux sont ceux qui se demandent – À quoi bon retourner travailler ? Ils cherchent du sens dans leur travail ou cherchent un travail qui a du sens. Ça devient parfois une injonction. Mais qu’est-ce que ça veut dire le sens au travail ? Et pourquoi est-ce important ?
Le sens, c’est, en quelque sorte, le Pourquoi, ce qui vous donne envie de vous lever le matin. C’est une notion qui peut paraître abstraite. Le mot « sens » est sujet à des interprétations, qui créent une certaine confusion.
À force d’entendre parler de quête de sens, on a l’impression qu’il y a une dimension philosophique, mystérieuse ou intellectuelle là-dessous… mais, c’est, en réalité, plus accessible qu’il n’y paraît.
Le sens est la réponse à la question : « Qu’est-ce qui fait que nous travaillons ? »
Accessible, mais je vous l’accorde, la réponse à cette question n’est pas évidente car elle n’est pas totalement consciente. Il s’agit d’aller au-delà de la réponse “gagner de l’argent”, qui est plutôt une conséquence du travail.
Qu’est-ce que le sens au travail ?
Définition commune
On pourrait s’accorder pour dire qu’un travail qui a du sens :
- est fait de manière efficiente et mène à quelque chose : les objectifs sont clairs et compréhensibles ;
- est satisfaisant : répond à nos besoins en termes de développement et/ou utilisation de compétences, créativité, accomplissement, responsabilités…
- est moralement acceptable ;
- s’effectue dans un cadre relationnel sain, respectueux et bienveillant ;
- assure la sécurité et l’autonomie ;
- et donne le bon niveau d’occupation : ni trop, ni pas assez.
Mais, ça ne suffit pas… car il n’y a pas de recette unique. Comme il n’y a pas de métiers qui ont plus de sens que d’autres, tout est une question de perception.
Une notion subjective et évolutive
Nous ne cherchons pas tous la même chose et nous ne percevons pas les choses de la même façon. La question du sens est personnelle.
Ce qui fait sens pour vous n’est probablement pas la même chose que ce qui fait sens pour moi. Je pourrais me dire que votre travail a du sens et vous pourriez ne pas en percevoir. Là où un ingénieur peut trouver son métier vide de sens, un autre peut être passionné par son activité.
Certains trouveront du sens dans le fait que l’entreprise a un impact positif sur la société et l’environnement alors que d’autres donnent du sens à leur travail en développant leurs compétences ou en ayant un bon équilibre vie professionnelle et vie personnelle.
Ce qui fait sens pour vous aujourd’hui, n’est peut-être pas la même chose que ce qui faisait sens hier, ni ce qui fera sens pour vous demain… C’est une notion très évolutive.
L’intention que vous mettez dans votre travail évolue. On peut, à un certain moment de notre vie, ne pas trouver d’intérêt à des fonctions, puis y trouver un sens profond en y mettant une intention particulière à un autre.
Travailler c’est faire, avoir et être
Pour ouvrir la discussion du sens avec les personnes que j’accompagne, j’utilise souvent une fable de Charles Péguy :
Un promeneur passe devant une carrière de pierres dans laquelle un homme casse des cailloux, suant et soufflant, l’air triste et résigné. Il lui demande ce qu’il fait et pourquoi ?
L’homme répond : « Je casse des cailloux parce que c’est le seul travail que j’ai trouvé. »
Plus tard, il rencontre un homme semblable au premier, qui fait le même travail dans une carrière. Il n’est ni gai ni triste et semble satisfait de son sort.
À la même question, le second tailleur de pierre répond : « Je casse des cailloux qui serviront à construire des murs, c’est pénible, mais je suis au grand air et je le fais pour nourrir ma famille. »
Le troisième tailleur de pierre qu’il croise, attelé à la même tâche, paraît illuminé par son travail, heureux et joyeux de ce qu’il fait.
Il répond au promeneur : « Je construis une cathédrale ! ».
- Le 1er se focalise sur la tâche de manière mécanique. Il est dans le Faire : travailler, c’est d’abord produire un acte. C’est faire quelque chose.
- Le 2e commence à trouver du sens par rapport à ce qu’il en retire. Il est dans L’Avoir : travailler, c’est aussi subvenir à ses besoins. Obtenir différents capitaux : économiques, sociaux et culturels.
- Le 3e est aligné avec le sens de son travail. Il est dans l’Être : travailler, c’est bien plus que le travail. C’est un signe d’appartenance, un marqueur, un moyen d’exister et de se dépasser.
Ces dimensions faire, avoir et être peuvent être à la fois complémentaires, mais aussi contradictoires, et leur priorisation en termes d’importance peut évoluer tout au long d’une trajectoire professionnelle.
Pourquoi le sens au travail est important ?
La question du sens au travail est un enjeu majeur aujourd’hui, en termes de bien-être, d’engagement et de motivation.
Un cercle vertueux
Si on en revient à nos tailleurs de pierre, ils font la même chose mais n’ont pas la même perception du sens. Le 3e a l’impression de contribuer à quelque chose plus grand que lui.
Son Pourquoi change totalement sa vision de son travail, au-delà de ses tâches. Aimer ce que l’on fait et savoir pourquoi on le fait est un moteur puissant :
- Les gens qui trouvent du sens à leur travail y prennent + de plaisir et se lèvent plus facilement le matin pour aller travailler ;
- Ils sont + productifs et créatifs ;
- Ils ont de meilleures relations avec leurs collègues, leurs clients, leurs proches… ;
- Ce qui a un impact sur leurs vies personnelles, leurs entreprises, l’économie… et parfois, sur la planète aussi.
Je crois même qu’on ne peut pas avoir d’excellents produits ou services sans des employés qui aiment ce qu’ils font et qui le font dans de bonnes conditions.
Un facteur de bien-être
Il est important de ne pas négliger les effets d’un manque de sens. Considérer le travail comme quelque chose d’important, mais ne pas trouver de sens dans celui que nous faisons conduit à ce que l’on appelle la dissonance cognitive.
On observe alors une augmentation de l’absentéisme, de la désaffection, de l’inattention, des conflits, du minimalisme… Lorsqu’un individu considère que son travail n’a pas de sens, son bien-être psychologique est menacé.
On parle beaucoup de quiet quitting en ce moment (en français, la démission silencieuse). Les salariés lèvent le pied. Plutôt que de démissionner, ils restent à leur poste et font juste le nécessaire.
On pourrait voir ce phénomène comme une réponse à la fatigue professionnelle et au stress. Ils sont désengagés et ils se protègent d’une certaine façon. Mais est-ce pour autant une situation confortable et durable ?
Selon plusieurs études, les salariés dont le travail est faiblement porteur de sens ont un niveau de stress supérieur à ceux dont le travail est moyennement porteur de sens, eux-mêmes ayant un niveau de stress supérieur à ceux dont le travail est fortement porteur de sens.
Un salarié qui ne voit plus l’utilité de son travail présente le risque d’être touché par un « brown-out » (un épuisement lié à la perception d’un manque de sens), un « bore-out » (un épuisement causé par l’ennui), voire, dans le pire des cas, par un « burn-out », autrement dit, un épuisement physique et mental causé par la dégradation des conditions de travail.
Le sens, mais pas que
Le poids donné au sens n’est pas universel.
Trouver du sens à son travail c’est bien, mais la confiance, la transparence, l’apprentissage, le sentiment de mobiliser ses compétences, les moyens mis à disposition, l’autonomie, et la cohésion d’équipe ça peut jouer un rôle très important aussi...
Faites-vous accompagner :
Si vous avez du mal à vous faire le tour de vos questions seuls : faites appel à un coach professionnel.
Le secret pour avancer, c’est de faire le premier pas 👇🏼
Dans quelques jours, je vous proposerai un nouvel article complémentaire pour découvrir :
👉Comment donner et trouver du sens au travail ?
